HISTORIQUE DU KARATE
HISTOIRE DU KARATE
HISTORIQUE
" Le karate-dō est une philosophie, une attitude devant, et un regard sur la vie et le monde " . Shomen Gichin Funakoshi (1868-1957)
Après avoir lu sur l'histoire du karate Shōtōkan, je crois bien que je pourrais écrire un livre avec tout ce que je sais. Par contre, je pourrais facilement remplir une bibliothèque avec tout ce que je ne sais pas... Plusieurs noms de styles, de personnes ou d'endroits pourront vous sembler erronés. Il faut dire ici que certains noms sont en chinois, ou en leur traduction japonaise (Shaolin et Shorin par exemple). Certains experts avaient plusieurs noms ou surnoms. Par exemple Matsumura était aussi appelé; Sokon, Soshun, Sobi , Munehide, Buseiatsu, Unyu ou encore Bucho.... Karaté ou karate ? Karate est le mot japonais, et karaté sa francisation. Tout au long de l'historique, je conserverai le mot japonais. Chaque tableau a un lien avec une page plus complète; cliquez sur le titre.
Il est dit que Bodai Daruma (Bodhidharma), un moine bouddhiste indien, après un long voyage, demanda asile aux moines du monastère de Shaolin, en Chine vers l'an 520 après J.-C. Voyant ses disciples s'épuiser lors des longues méditations. Il conclut que la recherche de l'illumination par le zen ne devait pas se faire au détriment du corps, mais plutôt par l'union du corps et de l' esprit.
Il enseignera donc à ses disciples une série d'exercices physiques destinés à renforcer le corps. Cette méthode d’entraînement, basée sur la respiration et sur des techniques de combats à poings nus ou avec bâton, se propagera plus tard en Chine sous le nom de Kenpō, littéralement la méthode des poings.
Okinawa, qui signifie corde sur l'océan, est l'île principale de l'archipel des îles Ryukyu au sud du Japon. Point de rencontre traditionnel des cultures chinoise et japonaise, l’île d’Okinawa devint l' endroit ou naquit la forme définitive du combat à mains nues. Durant la domination japonaise sur Okinawa, l’emploi des armes fut prohibé une deuxième fois, ce qui obligea les habitants à mettre au point des méthodes particulièrement efficaces de combat en se servant uniquement de leurs poings, de leurs pieds, et aussi d' instruments aratoires. Voilà pourquoi les applications de certaines techniques de karate sont aujourd’hui difficiles à expliquer: elles servaient à l’origine, à lutter contre des sabres, des lances, des naginatas...
Un mélange de Tō-de, des formes locales de combat ou encore importées d'ailleurs, finit par donner naissance à la méthode appelée Okinawa-te, qui se développera suivant trois styles de base; Shuri-te, Naha-te, et Tomari-te. De la ressortiront les écoles suivantes : celles de Miyagi Chojun fondateur du Gōjū-ryū, de Mabuni Kenwa père du Shito-ryū, de Otsuka Hironori fondateur du Wado-ryū, de Nagamine Soshin un des pères du style Shorin-ryū et de Funakoshi Gichin qui créa le Shōtōkan-ryū. En 1902, le gouvernement d’Okinawa introduit l'Okinawa-te dans les écoles secondaires. Itosu Yasutstune devient le premier instructeur. Par la suite, plusieurs maîtres iront enseigner leur art martial hors de l'île. Funakoshi fut un de ceux-là.
La main sacrée du Shuri-te, Itosu est né à Shuri en 1830. Fils de fonctionnaire, disciple de Matsumura Sokon dès l'âge de 16 ans, il est devenu un des artistes martiaux les plus respectés à Okinawa pendant le 19 ième siècle. Il a été le secrétaire particulier du Roi de l'archipel des îles Ryukyu. C'est en grande partie grâce à lui que nous est parvenue la tradition du Shuri-te, l'école de Sokon Matsumura. Une de ses grandes contributions, était la croyance ferme de l'importance du développement du personnalité de la personne à travers l'étude des katas et du bunkai, l'application technique des katas.
En 1901, lorsque le gouvernement d’Okinawa introduisit le karate dans les écoles, Maître Itosu devint la première personne à enseigner le Tō-de à l'école primaire Shuri-jinjo . À cette époque la conception de l'éducation physique était militariste, les médecins militaires se rendaient compte lors des examens que les pratiquants de cet art martial étaient plus robustes. Gichin Funakoshi commençera à cette époque à étudier le Tō-de avec Sensei Itosu. Ce dernier enseignait un Tō-de de style Shōrin, caractérisé par une grande mobilité, et des techniques longues.
Surnommé le guerrier (Bushi), Matsumura est né en 1797 dans la ville de Shuri sur l'île de l'Okinawa. Expert de l'Okinawa-te de style Shorin, il a eu comme professeurs d'arts martiaux Sakugawa, Kushanku, Iwah, et Yashuhiro Ijuin un Maître de l'école de kendō Jigen du clan de Shimazu de Satsuma. Il a travaillé comme officier et garde du corps pour les trois derniers rois des Ryukyu. Il a habité en Chine autour de l'année 1830. À son retour à Okinawa, il fonde son école et commence à enseigner son style, le Shorin-ryu Gosoku-an Karate (Karate Shaolin pour la défense de la patrie),une forme chinoise modifiée. Parmi ses étudiants les plus connus nous pouvons nommer Kyan, Yabu, Itosu et Azato. De temps en temps il enseignait aussi à Funakoshi. Cependant, sa plus grande influence s'est faite par le biais des deux Maîtres Azato et Itosu. Selon Matsumura, si vous voulez comprendre l' essence des arts martiaux, vous devez étudier intensément. On reconnait ici le précepte 20 du Niju kun.
Peu connu, un des meilleurs disciples de Matsumura, Azato est reconnu grâce au fait d'avoir enseigné à Funakoshi. Pourtant il était considéré comme le plus grand expert de karate de son époque lorsqu'il a commencé à enseigner à Funakoshi. Ce dernier commence la pratique de l’Okinawa-te vers l'âge de 15 ans avec Azato, qui est le père de son maître d'école. À l’époque, l’art martial d’Okinawa n’était pas enseigné au grand public. Les cours ont lieu la nuit clandestinement, loin des regards indiscrets. Son apprentissage se déroule d'une façon traditionnelle pour l'époque. Il s'agissait alors de pratiquer un seul exercice et de passer au suivant uniquement lorsque le Maître estimait que le karatéka était capable de le réaliser parfaitement. L'apprentissage d'un kata pouvait ainsi durer plusieurs années. Un kata en trois ans était une expression coutumière dans les anciens budos. Adepte de l'art du sabre de l'école Jigen, c' est de lui que nous vient un des préceptes du niju kun; Considérez les bras et jambes des gens comme des épées.
Shomen Funakoshi Gichin et l'Empire du soleil levant
Shomen Gichin Funakoshi est considéré comme le Père du karaté moderne. Importateur du karate-dō au Japon et créateur du style Shōtōkan, il a fait évoluer la forme initiale du karate d'Okinawa. C'est pourquoi, il est perçu comme un fondateur dans beaucoup de dojos sur la planète. Fils de Tominakoshi Gisu, il est né dans les premières années de la période de restauration Meiji, dans la contrée de Yamakawa, à Shuri, sur l'île d'Okinawa. Enfant chétif, il s'initie à l'art de combat des Ryukyu auprès de différents maîtres. À cette époque les arts martiaux était interdits par le gouvernement, et les entraînements avaient lieu secrètement la nuit.
Son premier poste à 21 ans, fut celui d' instituteur adjoint dans une école primaire. Plus tard, une promotion l’amenera à travailler à Naha. « Ce fut la plus grande chance qui me laissa le plus de temps et de possibilité de pratiquer le karate ».Devenu maître d'école, il enseignera durant le jour et poursuivra la pratique du karate le soir, chez Maître Azato.
Funakoshi rencontre ensuite Maître Itosu au début du 20 ième siècle. Il participe avec lui à la première démonstration officielle d'Okinawa-te, rapidement suivie par d'autres à travers tout le Japon. Les japonais présents furent si impressionnés qu'ils lui demandèrent de rester au Japon pour y enseigner sa technique. Dès le début des années 1920, le karate fut implanté dans les écoles élémentaires japonaises. C'est à cette époque qu'il changera son nom de famille Tominakoshi pour Funakoshi, le mot Funa étant un diminutif signifiant ;qui traverse l'océan en bateau.
La popularité grandissante du karate incita de nombreux autres experts d’Okinawa à venir enseigner leur style au Japon. Bien que les techniques puissent différer, le karate de ces maîtres obéissait aux mêmes principes de base. Le succès qu'il rencontre alors, le convainc de s'installer à Tōkyō et d'y commencer le développement du karate en passant par les universités pour parvenir à ses fins. En 1922 Funakoshi fonde son propre style, l' Okinawa-te, qui deviendra par la suite Shōtōkan. En 1924 il ouvre son premier club. Trois ans plus tard il en aura quatre supplémentaires.
De son école sortent de célèbres maîtres: Nakayama, Nishiyama, Kanazawa et Nagamine. À l'époque Shōtōkan désignait le nom de son dojo et non celui du style. Shōtō étant le nom de plume qu'avait adopté Maître Funakoshi pour signer ses poèmes. Chargé d'enseigner le karate à l'université de Tōkyō, il ne retournera jamais à Okinawa et meurt le 26 avril 1957 à l'âge de 88 ans.
Funakoshi écrira plusieurs livres sur le karate dont le plus important se nomme Karate-dō Kyōhan, texte d'enseignement du Karate-dō.
La première édition de ce livre parut en 1922. Son auteur, Maître Funakoshi ne cessa, jusqu'à sa mort d'en compléter et d'en corriger le contenu. C'est Hoan Kosugi, un artiste japonais très connu, qui a convaincu Funakoshi de publier ce premier livre Cette oeuvre, dont la portée est immense, représente le document le plus élaboré qu'on n'ait jamais écrit sur le karate à cette époque.
Funakoshi est également l'auteur d'autres ouvrages, tels que Karate-dō Nyumon, Karate-dō, Ichiro, Ryū Kyū kempō; Karate détruit en 1923, et Rentan Goshin Karate Jutsu,qui est une nouvelle version du premier.
Funakoshi Yoshitaka ; son fils successeur
Yoshitaka a poursuivi la recherche que son père cessa vers l'age de 70 ans, il introduisit des nouvelles techniques comme le yoko-geri, le mawashi-geri et le ushiro-geri. Reprenant l'idée que Maître Otsuka avait émise quelques dix ans auparavant, Yoshitaka introduisit la notion de kumite. Le ippon kumite s'est étendu au jyu ippon kumite, puis au jyu kumite. À cette époque le karate était uniquement un budō, et ce n'est que plus tard qu'il s'orientera vers un concept plus sportif. Il existait bien une forme du shiai, le kokan geiko qui était l'ancêtre de la compétition actuelle.
En 1945, sa santé se dégrade, Yoshitaka est hospitalisé et meurt finalement de la tuberculose. Les premiers traitements efficaces pour cette maladie n'apparurent qu'en 1940-50. À l'époque où il prit la responsabilité du Shōtōkan, vers l'âge des 30 ans, il avait dépassé de 10 ans la limite de vie que les médecins lui avaient fixé. Son style très personnel est celui que plusieurs karatékas adopteront plus tard.
La construction du dojo Shōtōkan débute en 1935 pour s’achever l’année suivante. Le dōjō se situe dans le quartier de Meijuroko à Tokyo. L’argent provient d’une collecte organisée dans tout le pays. Funakoshi arriva un matin au dojo pour apercevoir un écriteau au-dessus de la porte d'entrée sur lequel ses étudiants avaient écrit Shōtōkan, la maison de Shōtō. À l’origine, Shōtōkan désigne le bâtiment et non le style, “Kan” désigne le lieu, le dojo et “Shoto” est le pseudonyme sous lequel Funakoshi écrivait ses poèmes. Littéralement, Shōtō désigne l’ondulation des pins sous le vent.
Sensei Nakayama est né en 1913 dans la ville de Yamagushi au Japon. Initié au kendō par son père Naotoshi, il entre à 19 ans à l'université Takushoku de Tokyo pour étudier les langues et l'histoire. C'est à cette époque qu'il commence le karaté. Il passera cinq années de sa vie au contact de Maître Funakoshi. Il quitte ensuite Tōkyō pour se rendre à Pékin dans le cadre de ses études universitaires pour approfondir ses connaissances sur l'histoire de la Chine, et perfectionner le mandarin. Il entre en contact avec des maîtres chinois de boxe qui l'initient. Nakayama passe onze ans en Chine pour revenir en 1945 à Tōkyō après la défaite du Japon pour reprendre sa pratique du karate avec Maître Funakoshi. Il fonde en 1949 avec d'anciens disciples du vieux Maître, la Japan Karate Association. Il en sera le principal animateur jusqu'à sa mort. Parmi ses nombreux accomplissements sont la création de la J.K.A., une organisation de 10 millions de membres dans plus de 155 pays; du karate comme sport; la J.K.A. a organisé en 1957 le premier tournoi "All Japan Karate Tournament" qui était le premier championnat du monde de karaté; le programme d'instructeurs de la J.K.A.; et le développement du karaté aux U.S.A. et le reste du monde.Le 14 avril 1987, Masatoshi Nakayama meurt à l'âge de 74 ans.
Sensei Okazaki a dit de lui : Il a été un véritable Maître de karate-dō qui a complètement absorbé toute la philosophie, techniques et idées de Funakoshi, et a consacré toute sa vie en les transmettant au monde entier. Jusqu'à son décès, il a continué à voyager pour enseigner, transmettre ses connaissances, tout en écrivant une vingtaine de livres sur le karate-dō :"la Dynamique du Karate" (2 volumes) , la série "Best Karate", "Les Katas de Karate" (5 volumes) et "Karate Supérieur" (11 volumes). Gichin Funakoshi décède le 26 avril 1957. Deux mois plus tard, Nakayama organisera les premiers All Japan Karate Championships. Le vainqueur fut un homme qui par la suite deviendra une référence dans le karaté Shotokan: Hirokazu Kanazawa.
Né au Japon en 1929, il y étudie tout d’abord le Judo et l’Aïkido. Il connaît ses premiers entraînements de Karaté dans la marine, dans des conditions très violentes, et s’entraîne ensuite dans le dojo de Yoshitaka Funakoshi, le fils de Gishin Funakoshi, grand maître qui a su intégrer le Karaté dans le Japon moderne, tout comme Maître Nakayama a su le diffuser dans le monde entier.
Comme les plus grands maîtres japonais au milieu des années 60, tel Maître Kanazawa par exemple, il est chargé de la divulgation de cette discipline à travers le monde et visite l’Afrique du Sud, les Etats-Unis et l’Europe. C’est sur l’initiative de Maître Plée, ainsi que nous le révèle Jean-Pierre Bergheaud , qu’il arrive un jour de l’année 1967 à la Gare de Lyon à Paris. Trois personnes l’accueillent : Henry Plée, un ami italien et Jean Pierre Lavorato, son élève le plus ancien qui est sans conteste en France le chef de file de ce courant du Karaté.
Deux mois après le décès de Funakoshi. Maître Masatoshi Nakayama organise les premiers All Japan Karate Championships. Le vainqueur fut Hirokazu Kanazawa. Sensei Kanazawa naît à Kanegawa en 1940. Il est un des derniers étudiants directs de Gichin Funakoshi à l'Université de Takushoku. Il a continué comme élève de maître Nakayama et fut le premier Champion du Japon pendant deux années consécutives, en 1957 et 1958. Il parvint à gagner la finale de 1957 avec une main fracturée. L'année suivante, après quatre prolongations, les juges désignèrent deux champions, Kanazawa et Mikami. Sa longue carrière d'enseignant commence en 1960. Il a fondé ensuite le Shotokan Karate International Federation. Il est aujourd'hui 10ième Dan. Depuis cette époque, Sensei Kanazawa est reconnu et respecté mondialement.
Le karaté de style Shotokan est habituellement représenté par le Tora No Maki, un symbole que l'on retrouve sur la couverture du livre de Gichin Funakoshi Karate-dō Kyōhan. Ce dessin a été peint par Hoan Kosugi, ami et étudiant de Gichin Funakoshi, artiste japonais réputé et président du Tabata Popular Club . Il a fait ce dessin au pinceau spécifiquement pour illustrer la page couverture du livre de Funakoshi, et l'irrégularité du cercle indique qu'il l'a fait d'un seul trait. Le caractère vers le haut dans le quart de cercle du nord-est du cercle fait partie de la signature de l'artiste Kosugi, qui avait précédemment aidé le fondateur, est celui qui a convaincu Funakoshi de publier un livre qui a longtemps été considéré comme la bible du karate.
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